Voilà quelques semaines déjà que Maisy croupissait en prison... "Croupir" n'étant en fait par exactement le terme le plus adéquat. Lors des premiers jours, Maisy s'était laissée allée à son désespoir, au point même de négliger sa coiffure (de toute façon, ces malotrus de policiers lui avaient interdit d'amener dans sa cellule son fer à (dé)friser, au prétexte que celle-ci pourrait s'en servir pour se pendre avec le cordon d'alimentation... comme si se pendre eût été le style de Maisy).
Cela avait été particulièrement apparent le jour où Bree Van De Kamp était venue lui rendre visite afin de tenter d'obtenir d'elle le silence sur ses rencontres avec Rex. Bree avait sans doute d'ailleurs cru, en voyant la pauvre Maisy dans cet état (rappellons qu'elle portait également une large combinaison de prisonnier au lieu de ses usuels petits tailleurs bien serrés, bref, une tenue pire que les grandes chemises d'homme de cette souillon de Lynette Scavo), qu'il lui serait aisé d'obtenir d'elle tout ce qu'elle voudrait. Seulement, Bree s'était fourvoyée. Maisy, bien que son apparence ne fût plus ce qu'elle avait été au temps de sa gloire, était bien décidée à ne pas se laisser abattre. C'est pourquoi elle avait, si élégamment, renvoyé Bree à ses chères occupations (celle-ci devait sans doute avoir assez à faire avec son abominable fils, que Maisy avait d'ailleurs toujours vaguement soupçonné d'avoir joué quelque rôle dans l'horrible accident qui était arrivé à cette malheureuse Juanita Solis).
Moralement donc, Maisy parvenait à maintenir le cap, même si, bien sûr, il était difficile pour elle, insupportable même, de se savoir la risée de tout Wisteria Lane. Cependant, Maisy savait parfaitement qu'aucune femme du quartier n'oserait ouvertement se moquer d'elle, ni même en parler trop souvent... de peur d'apprendre qu'elle avait elle-même été cocufiée par son époux et Maisy en personne.
Ce qui permettait à Maisy de tenir le choc, c'était, outre cette sécurité évoquée plus haut, la perspective d'obtenir la clémence de ses juges. Sans doute, Maisy savait qu'elle ne sortirait pas de cet endroit (pourtant insalubre et dégoûtant) avant un temps certain. Mais elle s'était tout de même montrée très coopérative avec les policiers, en acceptant de leur fournir le fameux petit carnet dans lequel elle notait soigneusement le nom de ses clients, les dates des rendez-vous, ainsi que les sommes payées. C'était tout de même un cadeau en or fait à la police, la liste de tous les pervers de Wisteria Lane, pervers et frustrés (comme feu Rex Van De Kamp) au point de payer une voisine pour... menottes, fouet, la liste était longue.
Tout aussi longue était la liste de ces hommes apparemment très dignes... qui, grâce à Maisy, allaient bientôt connaître les affres du pire des châtiments qui pouvait s'abattre sur un habitant de Wisteria Lane, l'humiliation publique.
Accueil 